
Petit espace ombragé, au cœur de la ville, le long du quai de la République, la place Jean Tavé cache sous ses airs timides une histoire particulière.
Dès la fin du XVIe siècle, les lieux avaient une tout autre vocation. En 1567, aux pieds du faubourg de la Barrière y est fondé, avec le soutien du Duc de Ventadour, le collège de Tulle destiné à faire rayonner la culture du Bas-Limousin.
Jusqu’à la Révolution, l’établissement est dirigé par différentes institutions dont les Jésuites (1620-1762) ou les Théatins (1784-1789). A partir de 1791, les locaux sont réquisitionnés pour servir tour à tour de prison et de fonderie de canons. En 1797, le collège reprend ses fonctions culturelles et d’enseignement jusqu’en 1887 et la construction du lycée. Démoli 10 ans plus tard pour cause de vétusté, il laisse place à un coin où il fait bon flâner. Sur les ruines de la chapelle du collège est construit le théâtre municipal en 1897. En 1903, c’est le bureau de poste qui s’élève à la place de l’aile ouest de l’établissement. Les lieux inspirent d’autres projets d’envergure, comme celui, non retenu, de construction du nouvel Hôtel de Ville en 1930.
Le 5 juin 1920, à l’issue de la Première Guerre mondiale, les édiles tullistes décident de débaptiser la place de l’ancien collège et de la renommer place de la Victoire. Le caractère martial n’est concédé à la place que cinq années. La disparition, le 25 janvier 1925, de Jean-Baptiste Tavé (Maire de Tulle de 1892 à 1912) incite le conseil municipal à rendre hommage à celui qui a marqué profondément la ville de son empreinte. Ainsi, le 22 août 1925, la place de la Victoire est renommée place Jean-Tavé. Durant son mandat, Jean Tavé s’est constamment employé à bâtir une ville moderne, disposant du confort urbain et d’un cadre de vie agréable. L’aménagement de la place reste encore aujourd’hui l’un des symboles de son action politique.
Sur la photo : AM Tulle 33S, démolition du collège en 1897